Ici Londres / Judith Kerr. - Albin Michel, 2018
Dans le premier tome « Quand Hitler s’empara du lapin rose », Anna et sa famille s’étaient enfuis d’Allemagne dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, au début des années 30. Leur exil les a menés en Suisse puis à Paris. A la fin du roman, nous avions laissé Anna, Max et leurs parents à Londres, prêts à débuter une nouvelle vie, une nouvelle fois. Le deuxième tome, « Ici Londres », décrit donc le quotidien de la famille dans cette ville, en plein coeur de la seconde guerre mondiale. Rien n’est évident : trouver du travail lorsque l’on n’est pas britannique mais juive allemande, vivre avec l’omniprésence des bombardements, s’inquiéter pour son frère engagé, voir ses parents renoncer à leurs rêves, définitivement. Et en plus de tout cela, il faut, pour la jeune fille, trouver sa voix et composer avec des premiers sentiments amoureux.
Dans le premier tome, Anna était une enfant et nous offrait un point de vue quelque peu naïf sur la guerre qui grondait, de près ou de loin. Devenue adolescente, elle a gagné en maturité et surtout en lucidité. Sans perdre sa personnalité rêveuse, volontaire et sensible, Anna décrit un quotidien très réaliste qui fait froid dans le dos. On ne peut pas non plus rester insensible à la difficulté d’être d’Anna, adolescente comme tant d’autres mais dans un pays qui n’est pas le sien, avec une destinée qui ne devrait pas être la sienne. C’est avec beaucoup de pudeur que ses états d’âme nous sont livrés. Ainsi, c’est avec beaucoup d’émotions que nous partageons ses sentiments, entremêlés dans un joli paradoxe, celui d’être perdue dans cette vie tout en étant déterminée à avancer.
Un roman juste et beau.
Juliane.
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